Commande :
Barré-Lambot
Réalisation :
Denis Leclerc
Texte :
Jean-Yves Petiteau
Architecture en chantier
«Javançais lentement, ma voiture dériva
et un heurt violent me tira soudain de ma rêverie.
Merde ! Japerçus une roue de vélo à lavant, qui continuait de rouler en roue libre,
et comme une poupée qui perdait léquilibre,
La jupe retroussée sur ses pantalons blancs.
Tu tappelles comment ? Melody
Melody comment ? Melody Nelson
Melody Nelson a les cheveux rouges et cest leur couleur naturelle » (1)
Premiers secours, dernière urgence :
Architecture en chantier ; entre la vie et la mort.
Et si larchitecture était toujours un chantier,
-un passage entre-
Un autre temps, entre deux mondes,
La durée du passage et lattente dun autre temps.
Être, habiter, passer
Passer entre,
Les bâtiments de ville qui gardent la mémoire dun présent toujours à réinventer
Toujours ailleurs, rappel dun autre temps, à venir ou arrêt du temps
Le cycle : la vie quotidienne et laccident,
Le lieu glisse sur le contexte dun autre lieu,
La caméra suit le parcours de la lumière
Le jour succède au jour, la nuit ouvre la porte de la nuit.
Les portes glissent,.laissent filtrer la rumeur de la ville
Glissement du jour;
Aube et métaphore de laube
Chaque ouverture est une attente,
Lumière, attente entre la vie et la mort
Équivalence :
Dedans / dehors.
Équivalence : avant / après,
Ligne mélodique et émergence du timbre.
Attente dun autre temps, présence réelle ou virtuelle du présent
Laccident seul témoin du réel ; rupture de la monotonie, écho de laccident, banalité atroce
Pas dimage sans arrêt sur image
Art de la fugue, présence absence, retour sur image, recommencement des passages :
intérieur-extérieur,
Les hommes apparaissent, disparaissent dans le sol, dans la lumière, dans la nuit.
Image latente, attente de limage,
Chantiers des architectes et pompiers en chantier.
Lieu capteur de lumière, capteur des corps. limbes de lurgence du ciel ou de la nuit.
«Ce sont de pures situations optiques et sonores, dans lesquelles le personnage ne sait comment répondre, des espaces désaffectés dans lesquels il cesse déprouver et dagir, pour entrer en fuite, en balade, en va-et-vient, vaguement indifférent à ce qui lui arrive, indécis sur ce quil faut faire. Ce nest plus une situation sensori-motrice, mais une situation purement optique et sonore, où le voyant a remplacé lactant : une » description »
.
Nous ne sommes plus dans la situation dun rapport de limage actuelle avec dautres images virtuelles, souvenirs ou rêves, qui dès lors sactualisent à leur tour : ce qui est encore un mode denchaînement. Nous sommes dans la situation dune image actuelle et de sa propre image virtuelle, si bien quil ny a plus denchaînement du réel avec limaginaire, mais indiscernabilité des deux, dans un perpétuel échange. (2)
(1) Serge Gainsbourg, Histoire de Mélody Nelson, 1971.
(2) Gilles Deleuze Limage temps cinéma 2 ed. de minuit P.356 et 358, Paris, 1999.
Centre de secours Gouzé