A l'occasion de la parution de l'ouvrage : Barré Lambot, 30 ans d'architecture (éditions Joca Seria)

Exposition du 19 janvier au 9 février 2019

 

Pascal Amphoux
La Bravonnaz, 1er oct. 2018

Une extraordinaire architecture – de l'ordinaire.

Un art de la fonctionnalité aimable – ou de l'habitabilité heureuse.
Une tradition de la modernité – à moins qu'il ne s'agisse (et ce serait plus fort) d'une modernité de la tradition.

Voici quelques formules qui me viennent à l'esprit pour évoquer le travail d'Agnès Lambot et Philippe Barré. Un travail d'architectes s'il en est, qui loin de se cantonner à l'architecture du bâtiment, repose sur l'exigence inlassable de requalifier l'environnement immédiat, de s'effacer dans le milieu urbain, pour finalement faire paysage – métropolitain.

C'est qu'ils font depuis longtemps partie du paysage nantais… Voyez plutôt. Que regardent-ils en bord de Loire ? Quatre immeubles – ordinaires pourrait-on dire… Et pourtant… Lequel est le leur ? Cherchez l'erreur. Vous tournez alors le regard au dos de l'ouvrage. Et vient un indice. Un deuxième, qui ressemble un peu à l'un d'entre eux. Mais non, les balcons sont filants. Si ce n'est lui, c'est donc son frère. Retour à la couverture. Ce sont bien eux les deux frères, discrets , d'une même architecture.

Vous ne l'aviez pas remarqué ? L'immeuble est discret en un premier sens : celui de l'inaperçu, de la réserve, ou de la politesse, ici faite à trois autres protagonistes (logements, CHU, faculté). Et pourtant… Il se distingue clairement à qui veut bien l'observer, le voici discret en un second sens, presque mathématique : celui de la discontinuité, de la différence et de la distinction.

Mais qui sont ces deux personnes qui paisiblement tournent le dos à l'Île de Nantes, à l'École d'architecture et à tant de bâtiments brillants récemment construits ? Ce sont eux assurément, Philippe et Agnès et qui semblent crier à la cantonade ou la postérité : « L'architecture sera discrète ou ne sera pas ! »